Informations sur l’œuvre

Catégorie

Estampe

Technique

Pointe sèche

Date

1898

Dimensions

63.1 cm x 44.9 cm

Signature

Signée en bas à gauche

Justificatif(s) d’authenticité

L’authenticité de cette œuvre a été confirmée par l’Association des Amis de Paul-César Helleu et elle est répertoriée dans le Catalogue Raisonné Digital sous la référence APCH PS1-1009.

État de conservation

Feuille en excellent état général, légèrement insolée, sans que cela n’altère la lecture de l’œuvre ni sa qualité esthétique.

Encadrement

Non

Localisation

Paris, France

Description

Paul-César Helleu (1859–1927)
Madame Helleu à la harpe, 1898

Pointe sèche sur cuivre tirée sur papier
Feuille : 63,1 × 44,9 cm (24.8 × 17.7 in)
Cuvette : 39,5 × 27,7 cm (15.6 × 10.9 in)

Œuvre répertoriée au Catalogue Raisonné Digital de Paul-César Helleu sous la référence APCH PS1-1009.

Signée et dédicacée "A Vimar" au crayon en bas à gauche. Épreuve ancienne sur beau papier, montée sous un passe-partout récent.

Dans cette pointe sèche magistrale, Paul-César Helleu représente Madame Helleu appuyée sur une harpe, de profil, la main posée avec une élégance naturelle sur l’instrument. La jeune femme, coiffée d’un grand chapeau, est saisie dans une attitude à la fois gracieuse et concentrée, qui condense tout l’idéal féminin d’Helleu : finesse du visage, silhouette élancée, raffinement des gestes.

La virtuosité de la pointe sèche est ici pleinement visible : les lignes, tantôt soyeuses, tantôt nerveuses, modulent la lumière sans lourdeur ni surcharge. Les cordes de la harpe, la robe, la chevelure relevée sont obtenues par un réseau de traits d’une précision incroyable, rendu possible par l’usage de la fameuse pointe de diamant sur cuivre introduite à Helleu par son ami James Tissot. Cette technique permet un trait souple, d’une intensité exceptionnelle, qui donne à l’estampe une présence presque tactile.

L’économie de moyens, uniquement le noir sur le blanc du papier, renforce l’élégance de la composition : tout repose sur la qualité du trait et la maîtrise des valeurs. Le regard du spectateur est guidé par la diagonale de la harpe, qui conduit naturellement vers le visage de Madame Helleu, véritable centre émotionnel de l’estampe.

Réalisée en 1898, cette œuvre appartient à la période la plus recherchée des pointes sèches d’Helleu, lorsque l’artiste portraiture inlassablement sa femme et muse, Alice, dans des poses qui résument l’art de vivre de la Belle Époque : musicalité, intimité, grâce et modernité.

Contexte historique et artistique
Graveur aussi important que peintre, Paul-César Helleu est considéré comme l’un des grands maîtres de la pointe sèche à la charnière des XIXᵉ et XXᵉ siècles. Dès la fin des années 1880, encouragé par James Tissot, il adopte la pointe de diamant pour inciser directement la plaque de cuivre. Cette technique exigeante lui permet d’obtenir un trait à la fois profond, velouté et incroyablement sensible, idéal pour traduire le mouvement d’une chevelure, la souplesse d’une silhouette ou la vibration des étoffes.

Les critiques de son temps, de Goncourt à Mirbeau, ont souligné la singularité de ses estampes, qui saisissent « l’instant de grâce » des femmes de son entourage. "Madame Helleu à la harpe" s’inscrit pleinement dans cette veine : c’est l’un de ces portraits intimes où l’artiste parvient à faire coïncider virtuosité technique et émotion retenue.

Plusieurs épreuves de cette pointe sèche sont conservées dans des institutions de référence, notamment :
- Musée Bonnat-Helleu, Bayonne (donation Paulette Howard-Johnston, 1988)
- Bibliothèque nationale de France, Paris (don 1943)

La présence de cette représentation dans ces collections publiques souligne son importance dans l’œuvre gravé d’Helleu.

Commentaire sur l'œuvre
Par la qualité de son état, la dédicace manuscrite, la fraîcheur du tirage et l’importance de son sujet, "Madame Helleu à la harpe" compte parmi les pointes sèches les plus abouties et les plus désirables de l’artiste. La combinaison d’un sujet emblématique (Madame Helleu), d’une technique poussée à son plus haut raffinement et d’un historique critique solide en fait une œuvre de référence pour tout collectionneur d’Helleu ou d’estampes de la Belle Époque.

Provenance

Collection particulière française

Bibliographie

- Catalogue Bibliothèque Nationale, Paris, 1957, p. 24.
- Le Figaro illustré, numéro spécial « La femme par Helleu », n°115, octobre 1899, p. 219.
- Inventaire du fonds français après 1800, Jean Adhémar, Jacques Lethève, Françoise Gardey, tome 10, Paris, Bibliothèque nationale, 1958, n°255, p. 211.
- Paul Helleu drypoints, cat. exp., Galerie Lumley Cazalet Ltd, Londres, 25 juin – 24 juillet 1992, n°21.
- Paul Helleu, Drypoints, Lumley Cazalet Ltd, Londres, 12 juin – 31 juillet 1970, n°25.
- The Graphic, supplément (référence d’illustration).

Catalogues de vente
- Maîtres Pescheteau-Badin, Godeau, Leroy, De Ricqlès, Paris, Drouot, 28 novembre 1999, lot 109.
- Piasa, Paris, 23 novembre 2011, lot 163.

Exposition(s)

Galerie Jean Charpentier, Paris, 3 novembre – 17 novembre 1931.

Imaginez l’œuvre chez vous

L'artiste

Peintre
Dessinateur

Paul-César Helleu

Artiste célèbreArtiste célèbre
Peintre
Dessinateur
Né(e) en 1859
France

Biographie

Le nom de Paul-César Helleu évoque une époque, et tout particulièrement une société mondaine de la fin du XIXe siècle jusqu’aux dernières années précédant la Première Guerre Mondiale en Europe, que Marcel Proust a si admirablement décrite dans ses ouvrages.

La délicatesse, le goût et son talent pour très personnel de dessinateur ont largement contribué à l’extraordinaire succès de cet artiste. Sa célébrité repose sur la représentation virtuose de jolies femmes du grand milieu parisien, mais aussi de la société internationale dominée par l’élégance anglo-saxonne.

Aujourd’hui, l’histoire de la peinture le résume à des représentations qui limitent trop son talent à la mode d’un temps, sans tenir compte de toute une partie de sa production artistique vouée à la peinture de la nature, des paysages de mer en particulier, où le raffinement s’accorde aux accents sensibles d’un véritable artiste.

Helleu est né à Vannes en 1859. Au décès de son père, inspecteur des Douanes, il est envoyé à Paris au Lycée Chaptal. En 1876, il est admis à l’École des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme, mais ce sont surtout les peintres de plein air qui l'attirent. Il se lie d’amitié avec Whistler et Sargent, puis avec Monet qu’il rencontre chez Durand-Ruel lors de la seconde Exposition Impressionniste.

Pour survivre, Helleu travaille pour le céramiste Deck pour qui il exécute des décors de plats. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de Giovanni Boldini avec lequel il partagera une très longue amitié.

Avec Jacques-Émile Blanche, il partage un goût passionné pour l’Angleterre depuis un voyage à Londres en 1885. Cette même année, il fait un essai de gravure avec une pointe de diamant offerte par James Tissot.

En 1884, Madame Guérin lui commande un portrait de sa fille Alice, alors âgée de 14 ans. Il en tombe éperdument amoureux et l’épouse deux ans plus tard. Le pastel, réalisé à cette occasion, ainsi que La Gare Saint-Lazare seront présentés au Salon de 1885.

En 1886, alors qu’il a déjà été remarqué dans plusieurs expositions, il refuse avec son ami Monet de participer à la VIIIe Exposition Impressionniste malgré les sollicitations de Degas. C’est sans doute la raison pour laquelle, il n’a jamais fait partie du mouvement des Impressionnistes, ni été reconnu comme tel. L’année suivante, Robert de Montesquiou lui achète un lot de six gravures. De cette rencontre naîtra une amitié profonde avec le collectionneur qui le mettra en relation avec sa cousine, la comtesse Greffuhle. Dès cet instant, l’artiste pénètre dans la société parisienne et devient le portraitiste à la mode.

En 1893, Helleu entame une série de vitraux de cathédrales et, dès l’année suivante, il change de thème et s’attarde sur le parc de Versailles.

En 1897, il exposera au Salon du Champ de Mars ses peintures de Versailles et ses marines.

L'artiste est un novateur qui s’attire l’admiration et la curiosité de ses contemporains. En 1889, à l’inverse du goût prononcé de l’époque pour les intérieurs sombres, il fait peindre en blanc les murs de son appartement du 68 Bld Pereire, puis ceux du 45 rue Émile Ménier.

Helleu est bientôt sollicité partout : il expose à Londres en 1895 où le catalogue de l’exposition, préfacé par Edmond de Goncourt, consacre sa notoriété. Il rencontre alors Marcel Proust qui lui est présenté par Montesquiou et débute avec lui une relation profonde qui inspirera à l’auteur le personnage du peintre Elstir dans A la Recherche du Temps Perdu. Helleu gravera le portrait de Marcel Proust sur son lit de mort.

Comme Elstir, Helleu est passionné par la mer. Au plaisir du yachtman, qui passe le plus clair de son temps sur de superbes bateaux - il en possèdera quatre - le peintre découvre de nouvelles sources d’inspiration aussi bien dans les toilettes des femmes que dans ses visions de l’eau et du ciel, tantôt voilées, tantôt bleuâtres.

Le style Helleu, qui caractérise l’élégance ou le raffinement et la grâce féminine, obtient un immense succès tant à Paris qu’à Londres ou à New York où il se rend partir de 1902. Il remporte un vif succès aux Etats-Unis avec ses portraits de femmes élégantes et, en 1912, il obtient la commande du plafond du Hall de la Gare Grand Central de New York, avec le thème des signes du zodiaque : il compose une voûte étoilée, traversée d’un zodiaque aux signes d’or et voie lactée argentée.

Helleu meurt en 1927, des suites d’une opération alors qu’il projetait avec Forain une grande exposition de ses peintures.

Les Amis de Paul-César Helleu, association fondée en 2001 par Paulette Howard-Johnston, fille de l'artiste, a pour mission la protection, la diffusion et le rayonnement de l'œuvre de Paul-César Helleu. En 2020, grâce à un travail collectif réalisé sur plusieurs générations les Amis de Paul-César ont publié le catalogue raisonné digital de l'artiste.

"Le gracieux Helleu peint d'une couleur inconnue entre le délice et le bleu." Stéphane Mallarmé

Autres œuvres de Paul-César Helleu

Voir toutes les œuvres de Paul-César Helleu