Portrait

Né à Moscou en 1934, Oleg Tselkov figure parmi les plus grands peintres non conformistes russes des années 1960 avec Erik Boulatov, Oscar Rabin et Oleg Koulik.

Les premières expositions de ses œuvres en Europe ont eu lieu dans les années 1970. En 1977, sous la pression du pouvoir soviétique, Tselkov doit quitter définitivement l’URSS pour s’établir en France. Il n’a d’ailleurs jamais vu son départ d’URSS comme une drame ou un échec, mais plutôt comme une opportunité de s’ouvrir à l’art à l’international.

Son style formé sous l’influence des avant-gardistes russes : Malevitch, Kandinsky ou Kontchalovski est déjà assez abouti dans les années 1970. Sans vouloir faire de son art un moyen de combat contre l’URSS, il se tourne rapidement vers des artistes internationaux comme Francis Bacon ou Alberto Giacometti qui l’ont beaucoup influencé. Au centre de l’art d’Oleg Tselkov se trouve un personnage récurrent, représenté sous forme de masque. Il travaillera ce personnage avec ses visages-masques toute sa vie. Il aimait aussi les appeler “les gueules”. Les couleurs folkloriques et traditionnelles, mais aussi frappantes de ses peintures : « Les couleurs doivent tuer, taper fort entre les yeux », disait Tselkov, rendent ses tableaux facilement reconnaissables.

L’artiste aimait raconter que tout jeune, il a eu une sorte d’illumination, devenue son fil conducteur : ni masque ni visage, mais quelque chose de difficile à décrire, une sorte d’essence du genre humain, un portrait-robot à la fois intimidant et anonyme. Depuis, ses gueules se sont multipliées, souvent floues et aplaties, comme sous l’impact d’une pression atmosphérique importante. Grimaçantes, mutantes dont le caractère cauchemardesque était renforcé par leur vive coloration : des tons verts, bleus et violets à couper le souffle.

À l’instar des personnages de films d’horreur, les monstres peints par Tselkov ont une apparence particulière et peuvent être équipés d’outils tranchants ou d’armes blanches : ciseaux, fourches, haches et pelles. Il va de soi que cette esthétique unique était totalement en décalage avec les goûts de l’époque.

L’atelier moscovite d’Oleg Tselkov a rapidement acquis une grande cote de popularité des opposants au régime soviétique : les poètes Evgueni Evtouchenko, Anna Akhmatova ou Joseph Brodsky. La gloire internationale n’a d’ailleurs pas tardé pour le peintre : un jour, Evtouchenko a fait venir Arthur Miller qui a acquis un toile à Tselkov, suivi bientôt par des diplomates et des visiteurs du monde entier.

Après plus de 40 années passées sur le sol de France, partagés entre la capitale et une maison de campagne à Osne-le-Val, un petit village champenois, le peintre a su conserver son intégrité d’artiste indifférent aux honneurs et à l’argent.

Décédé le 11 juillet 2021 à Paris à l’âge de 86 ans, Oleg Tselkov est aujourd’hui rare sur le marché de l’art, les collectionneurs se l’arrachent, ces derniers ne se trompent pas car ils achètent ainsi les créations d’un artiste anticonformiste et même en avance sur son temps.

Art Shortlist est fier de pouvoir vous présenter une sélection d'œuvres de ce grand artiste.