Lancée par Georges Mathieu en 1947, l’abstraction lyrique est rapidement devenue influente. Elle s’est exportée aux États-Unis, dix années après sa première apparition. Dans cet article, nous vous expliquerons son origine et les différences de style entre le mouvement européen et le mouvement américain.

Art Shortlist
par Ludwig Otte - 21 novembre 2019

Georges Mathieu

Considéré comme l’un des pères fondateurs de l’abstraction lyrique, Georges Mathieu est connu pour être « le peintre le plus rapide du monde ». En effet, pour cet artiste libre et d’une totale indépendance d’esprit, l’instinct et la spontanéité doivent l’emporter sur la théorie.

L’abstraction lyrique naît à Paris en 1947, cette peinture est le résultat d’un mouvement improvisé, directement appliqué sur la toile. Tout se fait avec instantanéité, peindre l’instant sans préméditation. Laisser le pinceau sous la main, s’exprimer avec rapidité. Tout ce qui compte, c’est l’expressivité du mouvement dans l’improvisation. La vitesse d’exécution est une priorité pour permettre à l’esprit de continuer dans l’élan de l’inspiration. Cette continuité provoque un enchainement de mouvements permettant une infinité de possibilités. Peindre l’instant, absorber l’atmosphère, pour ensuite la retranscrire sur une toile.

Georges Mathieu pratiquait volontairement la performance artistique, en produisant des œuvres devant un public émerveillé de le voir en action. Il livrait des spectacles de gestes improvisés, en partant d’une toile vierge. Pour réaliser ces mouvements, l’état d’esprit de l’artiste se devait d’être extatique. En effet, l’isolement et la concentration du pratiquant aident à se libérer de manière à ce que l'expression picturale soit la plus pure possible. Aucune forme préexistante ne doit être représentée ou imaginée. Cela va de pair avec les formes et gestes pratiqués avec le pinceau ; aucun geste prémédité de la part de l’artiste lors de sa pratique.


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L’abstraction lyrique en France

L'abstraction lyrique décrit deux mouvements interconnectés, mais, séparés dans l’histoire de la peinture moderne. Dans les années 40, après l'occupation et la collaboration, la France tente de retrouver sa propre identité artistique. Les artistes pratiquant ce courant artistique ont plongé dans une peinture non figurative privilégiant le geste et la lumière.

L'abstraction lyrique ne s'opposait pas seulement aux mouvements cubistes et surréalistes précédents, mais aussi à l'abstraction géométrique aussi appelée abstraction froide. Pour les artistes français, l'abstraction lyrique est une nouvelle possibilité d'expression personnelle. L’abstraction lyrique a ses débuts, comptait plus de 100 artistes pratiquant ce style en Europe.


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L’abstraction lyrique aux États-Unis

L'abstraction lyrique aux États-Unis a principalement existé à New York, Los Angeles et Washington. L'abstraction lyrique américaine se caractérise par une manipulation intuitive et détendue des couleurs, une expression spontanée, des espaces illusionnistes et l'utilisation de la peinture acrylique.

Ce mouvement prenait une direction qui différait du minimalisme vers un nouveau chemin : un expressionnisme plus libre. Aux États-Unis, plus d’une dizaine d’artistes pratiquaient l’abstraction lyrique : Mark Rothko, Sam Francis, Paul Jenkins et Joan Mitchell parmi tant d’autres.

L’abstraction lyrique a marqué l’histoire de l’art, en remettant en question la manière de peindre et la représentation des formes. De nos jours, ce mouvement est toujours présent, ce n’est pas juste un style de peinture, c’est une philosophie, un état d’esprit, une liberté.