A la Recherche du Temps Perdu est l’un des romans les plus profondément visuels de la littérature.

Le texte de Marcel Proust regorge de références picturales : le personnage d’Elstir est directement inspiré des peintres James McNeill Abbott Whistler et Paul-César Helleu. Mais Proust a aimé d’autres peintres auxquels il consacre des pages magnifiques tout au long de son œuvre.

Nous avons sélectionné cinq peintres qu’aimait tout particulièrement Marcel Proust.

Art Shortlist
par Patrick de Watrigant - 15 mars 2022

Jean-Baptiste Siméon Chardin

C’est tout jeune que Marcel Proust s’est enthousiasmé devant les peintures de Chardin qu’il a contemplées au Louvre.

Autoportrait aux besicles, Jean-Baptiste Siméon Chardin, 1771

Dans un écrit de jeunesse, Proust décrit minutieusement plusieurs peintures et pastels de l’artiste : La Raie (1728), La Mère laborieuse (1740), Autoportrait aux bésicles (1771), Autoportrait à l’abat-jour et aux lunettes (1775), etc…

On retrouvera la trace de ces œuvres tout au long de A la Recherche du Temps Perdu.


Johannes Vermeer

Marcel Proust a découvert l'art de Vermeer lors de son voyage aux Pays-Bas en 1902 et en particulier la Vue de Delft (1659-1660).

Au mois de mai 1921, se tint au Jeu de Paume à Paris, une exposition consacrée à la peinture hollandaise avec comme œuvre majeure la Vue de Delft.

Vue de Delft, Johannes Vermeer, 1659-1660

Pour Marcel Proust, cette peinture représentait "le plus beau tableau du monde". Et très malade, tenant à peine debout, il ne pût résister pourtant au désir d’aller contempler de nouveau ce chef-d’œuvre.

Proust écrit alors à son ami l’historien d’art Jean-Louis Vaudoyer "Voulez-vous y conduire le mort que je suis, et qui s’appuiera sur votre bras ?".


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El Greco

Marcel Proust a découvert assez tardivement et de manière entièrement fortuite El Greco.

La Sainte Famille, El Greco, 1585

Il parle pour la première fois de ce grand peintre en décembre 1907 dans une lettre qu’il adresse à son ami Georges de Lauris. Marcel Proust écrit son émerveillement devant le tableau du Greco intitulée La Sainte Famille qu’il vient de voir chez Raimundo de Madrazo y Garreta, le beau-frère du grand musicien Reynaldo Hahn : "un Greco vraiment divin avec des tons aussi précieux dans leur genre différent, que ceux de Vermeer et d’une fraîcheur intacte sous son incomparable émail".

Aujourd’hui, ce tableau est conservé à la Hispanic Society of America à New York.


Claude Monet

On considère que Claude Monet était un des peintres préférés de Proust.

Dans la Recherche du Temps Perdu, roman écrit du vivant même du grand peintre, Marcel Proust fait dire à un de ses personnages, Mme de Cambremer, que Monet est "tout bonnement un génie".

Le Portail, brouillard matinal, Claude Monet, 1894

L’écrivain s’est intéressé tout particulièrement à la série des Cathédrales de Rouen, un ensemble de 30 tableaux peints par Claude Monet entre 1892 et 1894. Ces œuvres représentent principalement des vues du portail occidental de la cathédrale sous diverses lumières du jour.


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Paul-César Helleu

Paul-César Helleu fut l’un des artistes que Robert de Montesquiou, écrivain qui régnait sur le Tout Paris, a fait découvrir à Marcel Proust. Ce peintre et graveur, grand ami de Monet, de Sargent et de Boldini notamment, devint le portraitiste le plus célèbre en Europe et aux États-Unis à son époque.

Connu pour la finesse de ses pastels, de ses dessins et de ses pointes sèches, il a aussi peint d’admirables marines dans un style résolument impressionniste.

Alice Helleu dans une barque à Fladbury, Paul-César Helleu, 1889 - © Les Amis de Paul-César Helleu

Stéphane Mallarmé le décrivait ainsi : "Helleu qui peint d’une couleur inconnue entre le délice et le bleu."

Il fut très proche, tout au long de sa vie, de Marcel Proust. Celui-ci s’inspira de Helleu et de Whistler pour son personnage d'Elstir dans A la Recherche du Temps Perdu.

Marcel Proust sur son lit de mort, Paul-César Helleu, 1922 - © Les Amis de Paul-César Helleu

C’est Helleu qui fût appelé par le frère de Marcel Proust, à la mort de celui-ci, pour faire un portrait admirable du célèbre écrivain sur son lit de mort, une pointe sèche réalisée à la lumière d’une bougie qui est depuis restée dans l’histoire.