Stanley William Hayter
Biographie
Stanley William Hayter est un peintre et graveur britannique surréaliste né à Londres en 1901 et mort à Paris en mai 1988. Il est reconnu pour avoir été l’un des principaux maîtres de la gravure au XXème siècle, et pour avoir été l’instigateur d’un important renouveau de la gravure en Europe ainsi qu’aux États-Unis.
Après des études de physique et de chimie organique, Stanley William Hayter s’installe à Paris en avril 1926 et suit des cours de gravure à l’académie Julian sous la direction de l’artiste Joseph Hecht. Hecht reconnaît très tôt son talent et son caractère inventif : il le suit dans son projet de création d’un atelier de gravure qui ouvre d’abord à Paris en avril 1927, rue du Moulin-Vert, dans le 14ème arrondissement.
Fasciné par les peintures du mouvement surréaliste, notamment de Max Ernst ou de Giorgio de Chirico, William Hayter se rapproche rapidement de certains des membres du groupe et se lie d’amitié avec André Masson et le poète Paul Éluard dont il illustrera plus tard un recueil de poèmes. Tout en s’apparentant au surréalisme par ses contacts et des intérêts, Hayter garde néanmoins beaucoup d’indépendance par rapport au groupe et refuse son application de la psychanalyse à la compréhension de l’art. Hayter considère, comme les surréalistes, que son travail doit être un voyage dans l’imaginaire, mais il refuse que le tracé d’une ligne soit nécessairement lié à la psychologie du créateur : les formes, les couleurs et les lignes ont une existence propre dans sa pratique, ce qui le rapproche plutôt des peintres non-figuratifs.
En 1932, Hayter déménage son atelier de gravure, désormais appelé "Atelier 17", à Montparnasse au 17 rue Campagne-Première, où il commence à attirer des artistes aussi célèbres que Pablo Picasso, Joan Miró, Alberto Giacometti ou Yves Tanguy. L’Atelier 17 constitue alors un lieu hybride : espace de formation à la gravure, de production, lieu de vie et de rencontres pour des jeunes artistes, de discussions et d’expérimentations artistiques.
En 1939, alors que la seconde guerre mondiale s’abat sur l’Europe, Hayter ferme l’atelier de Paris et part pour les États-Unis où il enseigne à la New York School for Social Research, repère des surréalistes et des intellectuels européens en exil. L’Atelier 17 ouvre à nouveau ses portes à New York où il est dès ses débuts un haut lieu de l’art en train de se faire : Jackson Pollock reconnut par exemple en Hayter un maître de la ligne ayant facilité sa propre utilisation de la technique du "dripping". Robert Motherwell, Gordon Onslow-Ford ou encore Mark Rothko, qui disposaient librement des clés de l’atelier, ont également déclaré avoir beaucoup appris sur l’automatisme au contact de Stanley William.
Pendant la guerre, il s’illustre par la consolidation d’un nouveau procédé de gravure, la "méthode des viscosités" aussi appelée "méthode Hayter". Celle-ci réunit deux procédés de gravure auparavant impossibles à réunir sur une même image et d’un seul coup : l’encrage peut s’appliquer dans les creux taillés sur le support, mais aussi désormais, l’encre peut être également apposée dans dans les endroits en reliefs de l’image, directement sur la surface et sans que l’encre ne se répande dans les creux que l’artiste ne souhaite pas remplir.
Il utilise cette technique pour la création de gravure au burin et à l’eau-forte, de pointes-sèches où l’image, où l’image possède une infinité de lignes, de personnages qui s’entremêlent et ainsi elle se dote d’une grande profondeur visuelle. Hayter applique également de nombreux réseaux de lignes dans ses peintures qu’il réalise spontanément dans la fulgurance du geste avec une grande variété de couleurs vives. Son œuvre datant des années de guerre est encore marquée par le surréalisme et ses sujets mêlant le monde végétal ou animal à la sphère historique et héroïque, mais Hayter s’en éloigne après-guerre, où il continue cependant d’employer les lignes dynamiques et légères avec des couleurs joyeuses afin de créer une symphonie visuelle, notamment dans sa peinture.
Les années 1950 sont placées sous le signe de la gestualité et d’une abstraction lyrique qui ne renie pas ses origines figuratives. À partir des années 1960, jusqu’à la fin de sa carrière, Hayter s’inspire des développements de la science ainsi que de sa formation d’origine de physicien pour sa peinture et ses gravures. Il crée des œuvres qui sont autant des études sur les mécanismes de la vision que des explorations au-delà des frontières de la réalité environnante, cette réalité dans laquelle nous vivons mais que les facultés limitées de nos sens nous empêchent pourtant de pleinement nous approprier.
Ses œuvres sont conservées dans de nombreuses collections prestigieuses ainsi que dans des musées à l’international. En 1988, année du décès de l’artiste, le British Museum de Londres acquiert la totalité de son œuvre gravée. L’ensemble de son œuvre est trouvable dans le catalogue raisonné établi par Peter Black et sa la femme de l’artiste, publié en 1992 aux éditions Phaidon.
De nombreux ouvrages et catalogues d’exposition sont parus sur son travail aussi bien de son vivant qu’après sa mort. Son œuvre peinte continue à être particulièrement recherchée par les collectionneurs du monde entier.