Le dos d’un tableau peut être surprenant et modifier de façon significative la valeur de l'œuvre. Thibault de Watrigant, expert en art, fait le tour des différents éléments pouvant se cacher au dos d’un tableau.

Art Shortlist
par Thibault de Watrigant - 20 juin 2021

Les informations principales

Historiquement, les artistes ont commencé à signer leurs créations au cours du XVe siècle, le plus souvent sur la face avant.

De nombreux artistes contemporains n’hésitent pas à signer au dos du tableau, à le titrer, le dater et même à ajouter des éléments offrant une meilleure compréhension et personnalisation du tableau.

C'est par exemple le cas pour Classic Race, une acrylique sur toile peinte par Hervé Di Rosa en 2018. En plus du titre et de sa signature, l'artiste donne des explications au dos pour mieux comprendre son œuvre : "Billy – devant – l’automobile de René – derrière – Raymond Raoul derrière Raphael – Les personnages qui sont dans les automobiles : Race – course."

Quand on analyse un tableau, on cherche d’abord à savoir qui est son auteur, donc regarder le dos doit être un réflexe si l’avant ne nous éclaire pas suffisamment.

La signature est un élément important pour attribuer une paternité à un tableau. La signature d’un artiste peut même nous renseigner sur la datation du tableau. En effet, certains artistes ont eu des signatures différentes au cours de leur carrière.


L’ancienneté de l’œuvre

Les matériaux utilisés donnent de précieuses indications sur la datation de l'œuvre et même sur son authenticité. Au dos du tableau, on peut par exemple trouver le nom du fabricant de la toile et son adresse, ce qui est très précieux pour dater le tableau et confirmer une hypothèse.

Plus simplement encore, lorsque le tableau n’est ni daté au dos ou sur la face avant, la couleur de la toile peut nous aiguiller sur son ancienneté. Il faut savoir que la majorité des tableaux sont peints sur des toiles de couleur blanche ou blanc cassé, le temps a toujours un effet jaunissant sur ces supports.


Les étiquettes

Ces petits carrés ou rectangles de papier collés au dos du tableau ne sont pas à négliger, ils sont apposés dans différents contextes, voici les principaux :

  • Lors d’une vente publique : une maison de ventes aux enchères ou une galerie d’art appose généralement une étiquette avec le nom de l’artiste, le titre du tableau, la date, un numéro d’inventaire / un numéro de lot et parfois une adresse.
  • Lors d’une exposition : les musées et institutions culturelles collent habituellement une étiquette au dos de chaque tableau pour les identifier et les référencer.
  • Au sein d’une collection d’art : il est possible qu’un collectionneur décide d’ajouter une étiquette symbolisant sa propre collection d’art.


Un trois crayons de Paul-César Helleu et ses étiquettes

Les étiquettes sont donc à considérer lorsque vous regardez le dos d’un tableau. De plus, leur présence peut également constituer un élément de valorisation supplémentaire, comme c'est le cas pour le dessin reproduit ci-dessus.


Les restaurations

En outre, le dos du tableau peut permettre de voir si celui-ci a fait l’objet d’une restauration.

Par exemple, si l’arrière de la toile présente des traces de colle sur les bords ou si la toile est épaisse et neuve, c’est que vraisemblablement le tableau a été doublé. Cette technique aussi appelée "rentoilage" est une méthode permettant de fixer une couche supplémentaire de toile à la surface originale afin de réparer les différents trous ou déchirures, pour préserver le tableau et améliorer son état de conservation.

Ce doublage de la toile était quasi systématique chez les maîtres anciens, cette opération était d’ailleurs réalisée à la main, ce qui pouvait entraîner quelques dommages collatéraux sur la peinture.

Pour voir si un tableau a été restauré, on peut aussi regarder le dos pour voir s'il y a une zone décolorée ou qui a une texture différente du reste.

De façon générale, d'importantes restaurations ou le rentoilage peuvent avoir un impact négatif sur la valeur d’un tableau.


L’état de conservation

Des traces d’humidité ou de déformation du support sont facilement visibles depuis le dos d’un tableau. Pour juger de l’état de conservation d’un tableau, il est donc nécessaire de regarder l'œuvre dans son ensemble et ne pas hésiter à s’attarder sur son dos.

Par exemple, si le châssis est déformé ou si la couche picturale est fissurée, cela peut signifier que l'œuvre a été accrochée dans un lieu humide ou à contrario trop sec.


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Une autre œuvre d’art

Un tableau peut en cacher un autre ! Il est tout à fait possible en retournant une peinture de tomber nez à nez avec une autre œuvre. D’ailleurs, ce phénomène est encore plus courant pour les dessins.

Cela peut notamment s'expliquer par le fait que par le passé le matériel coûtait relativement cher, par conséquent, les artistes les moins fortunés pouvaient être amenés à essayer plusieurs compositions sur un même support.