Peintre et sculpteur maudit de son vivant, plongé dans l’alcool et les drogues, Amedeo Modigliani (1884-1920) a créé dans sa courte vie passée entre son pays d’origine, l’Italie, et son pays d’adoption, la France, une abondante série de chefs-d’œuvre. Pour mieux connaître cet immense artiste du XXe siècle, découvrez sept choses à savoir sur sa vie et son œuvre.

Art Shortlist
par Patrick de Watrigant - 25 janvier 2021

1 - Un génie de la sculpture et de la peinture

Nu couché, Amedeo Modigliani, 1917

Tout comme le grand Michel-Ange, Amedeo Clemente Modigliani a excellé aussi bien comme sculpteur que comme peintre. Il est arrivé à Paris en 1906 pour poursuivre sa formation, et s'est installé à Montmartre, non loin du Bateau-Lavoir. À ses débuts, il peignait dans un style proche de Steinlen, Toulouse-Lautrec et de la période bleue de Picasso.

Sous l’influence de l’immense Constantin Brancusi qui était son voisin à Paris, Modigliani s’est d’abord adonné à la sculpture, en taillant directement dans la pierre une série de bustes et de figures. Il ne cessa de considérer que son activité de sculpteur était son vrai métier. Finalement, ce n’est que le manque d’argent et la difficulté de se procurer des pierres qui le firent se tourner vers la peinture.

Aujourd’hui, il est avant tout reconnu en tant que génie de la peinture et ses toiles atteignent même des prix faramineux en ventes publiques.


2 - Amedeo Modigliani et ses portraits de femmes

Portrait de Jeanne Hébuterne, Amedeo Modigliani, 1919

Modigliani a beaucoup peint de portraits de femmes, et surtout de deux femmes qui ont partagé sa vie : Beatrice Hastings et Jeanne Hébuterne.

Ces portraits féminins sont pour la plupart stylisés avec des contours rapides qui réduisent les visages à quelques éléments. Ses fonds sont généralement assez simples et il aime donner des yeux en amande à ses modèles.

Modigliani s’apparente dans ses portraits de femmes aux primitifs du Moyen Âge de sa Toscane natale ; tout en étant également proches des pré-raphaélites, des pointillistes et de Whistler qu’il admirait.

L’un des derniers tableaux peints par Modigliani, peut-être le dernier, s’intitule Portrait de Jeanne Hébuterne. Il a été peint en 1919 et représente Jeanne Hébuterne enceinte : elle attendait leur second enfant qui, avec le prochain suicide de Jeanne, ne devait jamais voir le jour.

Ce portrait est considéré comme un des plus beaux tableaux que Modigliani ait jamais peints. Il est peint avec une chaleur sublime. Christian Zervos, grand éditeur et critique d’art à écrit à propos des dernières œuvres de Modigliani que « nous trouvons en elle une pénétration plus grande du caractère de la perception sentimentale qui unit et amalgame le tableau entier, alors que dans les œuvres antérieures l’émotion était souvent localisée ».


3 - Amedeo Modigliani et son amitié pour Chaïm Soutine

Chaïm Soutine, Amedeo Modigliani, 1917

Entre Modigliani et Soutine, entre le toscan expansif et le lituanien timide, l’amitié a été immédiate. Modigliani a pris sous son aile le jeune et désargenté Chaïm Soutine, en pressentant chez lui des talents de peintre que lui-même avait du mal à exprimer et à reconnaître.

Devenus presque inséparables, ils louent ensemble en 1916 un atelier à la Cité Falguière à Paris, près de Montparnasse. Ils travaillent côte à côte sans pour autant s’influencer dans leur travail. Chacun suit ses propres intuitions.

Cependant Modigliani, à la différence de Soutine, a fait à plusieurs reprises le portrait de son jeune ami. L’un des plus célèbres a été peint en 1917. Il est aujourd’hui à la National Gallery of Art de Washington. Soutine y est représenté dans une atmosphère calme et méditative.

Modigliani a jusqu’à sa mort eu une grande admiration pour son ami. Il déclara peu de temps avant sa disparition à son grand ami, le marchand Zborowski ceci :  « Ne vous inquiétez pas, en Soutine je vous laisse un homme de génie. ».


4 - Une rue porte son nom à Paris

Autoportrait, Amedeo Modigliani, 1919

Située dans le quinzième arrondissement de Paris, la rue qui porte le nom de Modigliani commence au 89 rue Balard et se termine au 10 rue Jongkind. Cette rue piétonne a été inaugurée en 1981 lors du changement d’affectation d'anciennes usines du constructeur automobile français Citroën.

La rue Modigliani forme avec le square Jean Cocteau, l’espace vert appelé "square Jean Cocteau et mail Modigliani". Une sculpture intitulée La Fontaine des Polypores, du sculpteur Jean-Yves Lechevallier, se situe à l’entrée de cet écrin de verdure. Certains surnomment cette fontaine, la Fontaine Modigliani.


5 - Une mort tragique pour lui et sa compagne

Atteint d’une méningite tuberculeuse aiguë, Amedeo Modigliani meurt le 24 janvier 1920. En apprenant cette triste nouvelle, Jeanne Hébuterne était totalement désespérée. Elle se suicide deux jours plus tard, en se défenestrant du 5ème étage de l’appartement de ses parents, elle avait seulement 21 ans.

Ils reposent tous les deux dans une sépulture commune au cimetière parisien du Père Lachaise. Leur tombe porte l’épitaphe suivante : « Amedeo est mort alors qu’il atteignait la gloire et que Jeanne fût sa compagne dévouée jusqu’à l’extrême sacrifice. ».


6 - Amedeo Modigliani inspire les faussaires

Christina, Amedeo Modigliani, 1916

L’homme né le 12 juillet 1884 à Livourne en Italie, est depuis bien longtemps la proie de faussaires plus ou moins talentueux.

Parmi ceux-ci, l’un des plus connus est un certain Réal Lessard, artiste canadien devenu faussaire sous la houlette d’un des plus grands escrocs du monde de l’art, Fernand Legros. 

Comme il le raconte dans ses mémoires parues chez Hachette, sous le titre L'Amour du Faux, Réal Lessard a réalisé de nombreux faux Modigliani, notamment : Portrait de Jeanne Hébuterne

Ce portrait peint en 1959 a été présenté comme un authentique Modigliani. Il a été reproduit sous le numéro 123 du catalogue de la vente chez Christie’s le 6 décembre 1963. Il est décrit comme devant figurer dans le catalogue des œuvres de Modigliani préparé par Arthur Pfannstiel et vendu avec le certificat de ce dernier, et même celui de la fille de Modigliani, Jeanne !

Mais ce ne fut pas le seul faussaire de Modigliani, loin s’en faut. Il y a eu ensuite un autre faussaire connu sous le patronyme de David Stein, puis un certain Wolfgang Beltracchi.

Dernièrement en 2017, un scandale fut déclenché en Italie à propos d’une exposition consacrée à Modigliani. Selon l’expert Carlo Pepi, un tiers des œuvres exposées seraient des faux. La justice italienne est intervenue et a fait mettre sous séquestre l’ensemble des tableaux litigieux.


7 - Amedeo Modigliani a eu une fille

Maternité, Amedeo Modigliani, 1919

Modigliani a eu pour seule descendance directe une fille née en 1918, Giovanna. Ensuite, elle fut connue sous le prénom de Jeanne, sa mère était Jeanne Hébuterne.

Giovanna devenue Jeanne épouse en premières noces l’économiste italien Mario Cesare Silvio Levi. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est entrée dans la résistance française.

À cette occasion, elle a fait la connaissance de Waldemar Nechtschein qu’elle épouse en secondes noces. Avec lui, elle aura deux filles Anne en 1946 et Laure en 1951. Elle divorce en 1980.

Devenue sur le tard historienne de l'art, elle rédige une biographie de son père sous le titre Modigliani, l’homme et le mythe. Elle meurt à Paris en 1984 à l’âge de 65 ans.