Chaque début d’année, le rapport d’Art Shortlist sur les grandes tendances du marché de l’art est attendu par les collectionneurs et professionnels du monde de l’art.
En 2025, dans un contexte économique et géopolitique complexe, le secteur continue de se transformer. Porté par les outils digitaux et des repositionnements stratégiques, le marché de l’art s’apprête à relever de nombreux défis.
Ce rapport présente nos pronostics pour l’année à venir, en identifiant les grandes évolutions et dynamiques de ce marché par comme les autres. Entre innovations, nouveaux acteurs et enjeux globaux, voici les tendances majeures à surveiller sur le marché de l’art en 2025.
1 - La digitalisation : un levier devenu moteur du marché
Sans surprise, la digitalisation devrait rester au cœur des transformations du marché de l’art en 2025. Les ventes en ligne devraient continuer de croître, attirant un public toujours plus large, notamment des jeunes collectionneurs et des acheteurs internationaux plus agiles et connectés.
Les plateformes digitales, qu’elles soient portées par des acteurs historiques ou de nouveaux venus, offrent une accessibilité à l’art sans précédent. Ces évolutions pourraient rendre le marché plus fluide et ouvert à une audience mondiale, redéfinissant ainsi certaines pratiques traditionnelles à bout de souffle.
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2 - Les ventes privées en pleine ascension
Après un ralentissement de 20 à 30 % sur le marché de l'art en 2024, les ventes privées pourraient s’imposer comme un levier clé en 2025. Prisées pour leur discrétion et leur flexibilité, elles permettent des transactions adaptées aux besoins spécifiques des acheteurs et des vendeurs d'art.
Les grandes maisons de vente comme Christie’s et Sotheby’s ont fait de ces ventes une priorité à court et moyen terme, y voyant un moyen de fidéliser une clientèle haut de gamme et surtout de réduire des charges importantes liées aux ventes publiques.
Pour en savoir plus sur cette tendance et cette évolution des pratiques, nous vous invitons à lire notre article Les secrets des ventes privées.
3 - Un retour aux valeurs établies : la grande prudence des acheteurs
Dans un climat d’incertitude économique, les collectionneurs devraient privilégier les œuvres d’artistes établis depuis plusieurs décennies, perçues comme des investissements sûrs et rassurants.
Les maîtres modernes et historiques – tels que Claude Monet, Paul Cézanne, David Hockney, Andy Warhol ou Pablo Picasso – pourraient continuer à dominer les ventes publiques, creusant l’écart avec les nouveaux entrants et les outsiders sur le marché.
Cette quête de sécurité de l'investissement pourrait venir fragiliser le développement de la cote des artistes émergents. Les galeries qui soutiennent ces artistes constataient déjà un ralentissement inédit des ventes en 2024.
Ce recentrage sur des valeurs établies dans le temps reflète une prudence généralisée des acheteurs, motivée par un besoin de stabilité face à une économie mondiale particulièrement instable.
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4 - La mondialisation sous pression : un marché plus fragmenté que jamais
En 2025, le marché de l'art se trouve au cœur d’un paradoxe cruel et inédit : il est plus connecté que jamais mais il est aussi plus fragmenté que jamais...
Si les nouvelles technologies facilitent les transactions internationales, les tensions géopolitiques et les nouvelles barrières commerciales notamment entre l’Europe, les États-Unis et l’Asie, poussent les acquéreurs à se recentrer sur des circuits plus courts.
Des pays comme l'Arabie Saoudite, l’Inde et la Chine émergent ou se renforcent comme de nouveaux pôles régionaux clés, attirant des collectionneurs et des investisseurs locaux.
Cet éclatement du marché de l’art peut s’expliquer par les nouvelles régulations et une situation économique mondiale incertaine favorisant le repli commercial.
Conclusion : Une année charnière pour le marché de l'art
En 2025, le marché de l'art se trouve à un tournant stratégique. Alors que les tensions géopolitiques et les enjeux économiques renforcent certaines dynamiques locales, les innovations technologiques continuent de redéfinir les frontières traditionnelles du secteur.
La digitalisation, la montée des ventes privées et l’émergence de nouveaux pôles illustrent la capacité d’adaptation et de résilience d’un marché en constante transformation. Cependant, cette évolution s’accompagne d’une fragmentation croissante, où la recherche de sécurité et de stabilité face à l’incertitude pousse certains acteurs à se tourner vers des valeurs établies.
Le marché de l’art en 2025 ne sera plus un tout homogène. De plus en plus porté par des acteurs locaux, il sera influencé par des réalités économiques et culturelles spécifiques à chaque région.
Ce paradoxe pourrait offrir de nouvelles opportunités d’innovation tout en mettant en lumière les défis liés à la cohésion du marché global. Reste à voir comment ces dynamiques se stabiliseront et comment elles façonneront la manière dont les œuvres d'art circulent, sont collectionnées et perçues à l’échelle mondiale.