Maxence Doré est un artiste français basé en région parisienne, il a récemment rejoint Art Shortlist. Pour vous faire découvrir cet artiste des grands territoires, des découvertes et des voyages, nous avons décidé d’aller le rencontrer dans son atelier.
Bonjour Maxence, quand avez-vous commencé à dessiner et à peindre ? Qu'est-ce qui vous a poussé à le faire ?
J'ai commencé à dessiner très jeune, à environ 6-7 ans, en accompagnant ma mère à ses cours de dessin, je me souviens que l’on faisait principalement des natures mortes. Par la suite, je suis tombé dans le milieu du graffiti, véritable coup de cœur, je passais mes week-ends à faire des kilomètres en vélo pour trouver des espaces en friche où on pouvait peindre ou observer des graffs. Je ne pourrais pas expliquer la raison pour laquelle je me suis mis à peindre, je pense simplement que j'en avais besoin et surtout que c'était à moi, c'était ma façon à moi de m'isoler un peu. La chose que j'appréciais par dessus tout, c'était de découvrir des endroits abandonnés, où la nature reprenait ses droits et constater le fantastique mélange entre les couleurs et les formes des peintures et de la nature.
Frontière #4, Maxence Doré, 2020
Avez-vous suivi une formation artistique ?
Je me suis intéressé aux formations artistiques après mon Bac Pro sous les conseils de mon prof qui me voyait passer mes journées à dessiner. Du coup, j'ai enchainé avec une prépa et un BTS Design d'espace dans une école d'art parisienne, pour ensuite faire 4 années d'architecture du paysage avec une formation très orientée vers l’artistique.
Quelles sont les artistes qui vous inspirent ?
Il y en a énormément, et puis cela évolue sans arrêt, mais je vais en citer quelques-uns : Pascal Pillard, Zao Wou-Ki, Fabienne Verdier, Pierre Soulages, Benjamin Hardman, Shiori Eda, Jacques Monory, Daniel Arsham, Robert Prosh et j'en passe.
Margareta I, Fabienne Verdier, 2011 - Genevaav
Où est basé votre atelier ? Comment est-il aménagé ?
Pour le moment je m’en sors en peignant dans mon appartement où j’ai totalement aménagé mon salon en atelier. Il se situe dans le 78. Mais à la fin de l’année il est prévu que je prenne un atelier plus proche de Paris où je pourrais faire de plus grands formats.
Vous êtes un artiste engagé pour la préservation de l'environnement, est-ce en quelque sorte le combat de votre vie ?
Je ne pense pas être "engagé" dans quoi que ce soit, je suis juste quelqu'un qui constate l'effet négatif de la surconsommation sur notre planète et qui essaye de trouver des solutions pour se libérer l'esprit. Créer un nouvel univers me permet de voyager le temps d'un instant et de fuire cette ambiance sociale, de penser à autre chose. Plus j'avance dans le temps plus ce nouvel univers grandit et je commence à y trouver ma place, c'est une sorte de cabane spirituelle où je peux me cacher et amener le maximum de personnes possibles. Cela permet un endroit de paix où l'on peut réfléchir à des solutions pour l’avenir.
Folie pétrolière, Maxence Doré, 2019
Comment avez-vous vécu le confinement et quels enseignements en avez-vous tiré ?
Je suis plutôt quelqu’un de casanier en temps normal donc le confinement ne m’a pas réellement gêné. Je me suis plus occupé à observer la réaction des gens et surtout la réaction de la nature à travers le monde entier. J’ai aussi pensé à des solutions pour un éventuel changement de notre société, ça me permettait de cogiter un peu et de débattre avec mes amis.
De quels sujets traitent vos peintures ?
Mes peintures traitent principalement des grands territoires, des voyages, des découvertes. J’ai étudié les grands territoires lors de mes études et j’ai aussi appris à les dessiner, du coup je me suis dis que ce serait sympa d’aller un peu plus loin ou un peu plus haut dans ce processus.
Anarchie Virale #1, Maxence Doré, 2020
Quand considérez-vous une œuvre comme achevée ?
Je porte énormément d’importance à l’équilibre dans mes peintures, c’est cet équilibre qui va rendre la toile dynamique et vivante. Si une toile n’est pas en mouvement à mes yeux, elle n’est pas finie.
Pouvez-vous m'expliquer les techniques et les supports que vous utilisez pour avoir des rendus si saisissant ?
J’ai eu deux profs importants dans mon parcours scolaire à savoir Pauline Dufour et Pascal Pillard, pour la première, elle m’a donné confiance dans le fait de fabriquer son propre support afin de pouvoir s’épanouir dans son art. C’est pour ça qu’à l’heure actuelle j’utilise de l’aluminium Dibond que je contrecolle sur des châssis en bois.
Pour la technique c’est l’artiste Pascal Pillard, qui m’a énormément aidé en me faisant découvrir des techniques différentes et en me faisant comprendre qu’un artiste était aussi un chimiste. J’ai donc récupéré et mixé plein de techniques entre elles afin de trouver celle qui me plaisait. Aujourd’hui je maîtrise de mieux en mieux cette technique et je peux faire énormément de choses avec.
Depuis quelques mois je teste une autre technique que je découvre et qui me questionne. J’espère la rendre personnelle, mais je me dirige vers une inconnue qui rend la chose très excitante.
Lignes d’écumes 1.1, Maxence Doré, 2020
Vos œuvres évoquent les voyages, les découvertes et les grands espaces, êtes-vous un grand voyageur ?
Un grand voyageur non, pas pour le moment. En revanche je rêve d’en être un. Ce que je préfère c’est partir sur des coups de tête avec ma voiture en confectionnant un lit à l’arrière de celle-ci. Je pars avec une idée pour la première étape et après je me laisse porter par le présent. J’aimerais faire ça plus tard mais sur un an, avec un van et des toiles pour pouvoir peindre là où je me sentirais bien.
Quelle est l'œuvre d'art qui vous a le plus marqué ?
Il y en a 2, la première c’était au musée d’art moderne, dans la collection permanente, une huile de Zao Wou-Ki « 06.01.68 », je suis resté 1 heure devant et j’en ai perdu le groupe avec qui j’étais. Je l’ai interprété comme un paysage et j’étais obligé de découvrir toute sa toile, je me souviens avoir été fasciné par les transparences de son noir, et la force de ses coups de pinceau en bas du tableaux.
La seconde c’est celle de Pierre Soulages du 12 décembre 2013, qui utilise la lumière comme personne. Le tableau change tout simplement de couleur et de perspective en fonction de là où on se place et ça me sidère à chaque fois.
06.01.68, Zao Wou-Ki, 1968
Quelles sont vos passions en dehors de l'art ?
Avoir une passion c’est déjà rare, on doit se sentir heureux d’être passionné ce n’est pas donné à tout le monde malheureusement. Si je dois parler d’une autre « passion » je dirais le basket, c’est le sport que je pratique depuis que je suis môme et j’y porte toujours un grand intérêt. Le sport de manière général m’intéresse. Après j’aime énormément voyager pour découvrir ou me perdre, mais je ne pense pas qu’on puisse parler de passion.
Quels sont vos projets pour cette deuxième partie de l'année 2020 ?
J'aimerais faire une exposition courant Novembre sur Paris, je n’ai pas encore choisi le thème mais je travaille sur 2 thèmes comme ça je n’aurais qu’à choisir et je pourrais utiliser l’autre pour une exposition dans une autre galerie. Et fin 2020 j’ai pour objectif de prendre un grand atelier afin d’évoluer et de pouvoir m’amuser sur des « grands » formats.
Pour finir cette interview, pouvez-vous me donner une citation qui vous inspire ?
« C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche. » Pierre Soulages